Les Gouvernants sont immoraux Tout le monde se rappelle Tolstoï l'immense romancier, mais on a injustement oublié l'essayiste. Ces essais, de sa jeunesse à sa mort, n'ont eu qu'un propos : dénoncer la violence des gouvernements, de l'armée et de l'Église. À partir de la guerre de 1905, qui a vu la défaite de la Russie face au Japon, et de la révolution russe, la même année, Tolstoï attaque le principe d'autorité d'un « chef » sur d'autres hommes, qui les conduit à se renier, à tuer, à se rendre malheureux. Contre « l'inutilité de l'État », l'écrivain propose un christianisme révisé, aussi loin de la soumission forcée que de l'obéissance volontaire. Étienne de La Boétie et son Discours de la servitude volontaire n'ont pas eu de plus noble successeur.